Faire face au moustique tigre

Le moustique tigre est installé en Alsace depuis 2015. Initialement cantonné à quelques communes, ce moustique a rapidement colonisé une grande partie de la région. Outre la nuisance qu’il engendre, ce moustique est potentiellement vecteur de maladies tropicales. La lutte contre le moustique tigre devient un véritable enjeu de santé publique. Par ailleurs, la prolifération non maîtrisée des moustiques peut également avoir des conséquences sur le tourisme.

Face à l’arrivée de cet insecte invasif, les collectivités ont pleinement un rôle à jouer. En effet, les mesures visant à limiter la prolifération du moustique relèvent du pouvoir de police des maires.
Ce site internet a pour objectif de guider les collectivités à faire face au moustique tigre et à mettre en place une stratégie efficace de lutte contre le moustique tigre à long terme.

5 étapes pour une stratégie efficace
de lutte contre le moustique tigre.

Désigner un binôme référent/élu

Former les élus et agents concernés

Diagnostic : identification des gîtes larvaires
sur le domaine public

Adapter le règlement des espaces publics

Établir un plan d'action pluriannuel

ÉTAPE 1 : Désigner un binôme référent élu / technicien

La désignation d’un binôme référent élu/technicien est une étape essentielle pour superviser et établir un suivi efficace des mesures de lutte contre le moustique tigre. L’association d’un agent et d’un élu est fortement recommandée, afin que ce binôme référent soit complémentaire, à la fois sur les aspects techniques, sociaux et politiques.

Son rôle est de coordonner le suivi et la lutte contre ce moustique, former les agents de la collectivité en interne et être présent pour répondre de manière adaptée aux sollicitations des administrés.

Le binôme pourra être formé en amont sur les différentes thématiques liées à la présence du moustique tigre par les opérateurs de démoustication publics locaux :

ÉTAPE 2 : Former l’ensemble des élus et agents concernés

Il est primordial de sensibiliser et former les forces vives de la commune pour conseiller les administrés et intégrer la problématique du moustique tigre dans l’ensemble des missions de la commune (urbanisme, espaces verts, assainissement, etc.). La collectivité s’appuie sur ce binôme référent pour la formation de ses équipes et peut, si besoin, se mettre en lien avec l’opérateur public de démoustication (OPD) compétent sur son territoire.

Par ailleurs, des outils pour se former en autonomie sont disponibles en ligne : 

  • Un module de formation en ligne “Lutter contre le moustique tigre en collectivité” réalisé par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) est disponible sur le site internet Wikiterritorial.
  • Le CNFPT propose également des formations, en distanciel (Webinaire) ou en présentiel, sur les méthodes de lutte à mettre en place dans une collectivité.
  • France Université Numérique (FUN) propose un Massive Open Online Course (MOOC) en entomologie médicale qui traite, entre autres, du rôle des moustiques dans la transmission de certaines maladies.

La lutte contre le moustique tigre peut, dans certains cas, nécessiter l’utilisation de produits biocides. Pour ce faire, les agents amenés à les utiliser devront se former en obtenant le Certibiocide, une certification délivrée par le ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires. Ce certificat permet l’achat et l’utilisation de produits biocides notamment des produits larvicides utilisés dans le cadre de la lutte contre le moustique tigre en milieu urbain. Il est nécessaire de s’inscrire au préalable sur la plateforme en ligne pour bénéficier de cette formation. 

ÉTAPE 3 : Réaliser un diagnostic des gîtes larvaires* sur le domaine public

* Définition : tous types de contenants artificiels susceptibles de retenir de l’eau pendant au moins une semaine, permettant le développement des larves de moustiques.

En Alsace, les études de terrain ont montré qu’environ 80% des gîtes larvaires se situent sur le domaine privatif, et environ 20% sur le domaine public.

Le diagnostic permet de repérer et cartographier les sites favorables au développement du moustique tigre sur le domaine public : sur la voirie, dans les parcs et jardins, dans le réseau d’assainissement ainsi que dans les différents services de la collectivité et les bâtiments publics.

Certains gîtes larvaires peuvent être éliminés facilement : jardinières, déchets, bâches, séparateurs de voies, pneus et de manière générale, tout objet amovible pouvant contenir de l’eau dans la durée.

D’autres gîtes structurels ne sont pas supprimables : 

  • Réseau d’assainissement : puisards de rue, chambres de télécommunication…
  • Bâtiments publics : dalles sur plots, toits plats, gouttières, corniches, chéneaux…

Les gîtes non supprimables doivent être cartographiés et pourront être neutralisés au cas par cas, selon le type de gîte, par l’application d’un larvicide ou par la réalisation modifications pérennes.

Gouttière bouchée

Descente de gouttière

Avaloir

Grille

Terrasse sur plots

Pied de parasol

Bacs à fleurs

Toit plat

Cimetière

0 %
Une étude réalisée localement par le SLM67 en 2019, a montré que 77% des regards d’égouts sont colonisés par le moustique tigre en août et septembre ce qui correspond au pic d’activité du moustique tigre

ÉTAPE 4 : Adapter la réglementation des espaces publics et privés

Pour limiter la présence de gîtes larvaires sur le domaine public, il faut intégrer la problématique du moustique tigre à tous les niveaux réglementaires.

Le règlement de tout espace public ou partagé doit préciser les gestes de prévention à mettre en place pour éviter la prolifération du moustique tigre.

Par exemple :

  • dans les jardins familiaux, couvrir les fûts de récupération d’eau de pluie de manière hermétique avec une moustiquaire et un tendeur ou un couvercle adapté,  comme cela a été fait à Schiltigheim.
  • dans les cimetières, les coupelles ou vases doivent être supprimés ou remplies de sable à ras bord, comme à Souffelweyersheim.

Etudes locales : Une étude menée en 2020 par le SLM67 au niveau d’un cimetière de Schiltigheim a montré que 70% des tombes possédaient au moins un gîte potentiel, avec un maximum de 20 gîtes par tombe.

Les cimetières constituent donc des sites propices au développement du moustique tigre.

Pour les nouveaux aménagements

Certains ouvrages liés au bâti peuvent favoriser le développement des moustiques tigres (Préconisations générales d’urbanisme). Il est donc recommandé de prendre en compte cette problématique en amont, avant la construction, en :

  • Sensibilisant les concitoyens lors d’une demande d’autorisation de permis de construire ;
  • Intégrant dans les plans locaux d’urbanismes (PLU ou PLUi), lors de leurs révisions, des préconisations techniques spécifiques afin d’éviter l’eau stagnante : pente minimale, végétalisation ou ajout de gravier sur le toit plat, voire l’interdiction de ce type d’ouvrage.

Pour les rénovations

Pour des bâtiments composés de toits plats, de corniches ou de dalles sur plots, sur lesquels une lame d’eau peut stagner pendant plus d’une semaine, des solutions techniques peuvent être envisagées, en :

  • Ajoutant une descente d’eau  ;
  • Végétalisant la toiture ;
  • Ajoutant une membrane ou mèche drainante ;
  • Ajoutant un isolant rainuré.

Arrêté municipal

Le pouvoir de police général du maire en matière de prévention des maladies épidémiques et contagieuses et de maintien de l’hygiène et de la salubrité publique, lui permet de prendre la décision de fixer un arrêté municipal pour stipuler que les particuliers et professionnels de la commune doivent tout faire pour endiguer la prolifération du moustique tigre et supprimer les gîtes larvaires se trouvant sur leur propriété.

ÉTAPE 5 : Etablir un plan d'action pluriannuel

La lutte contre le moustique tigre nécessite de mettre en place un plan d’action pluriannuel et ceci le plus tôt possible. En effet, les actions mises en place n’auront pas un effet immédiat, alors que le moustique tigre poursuivra progressivement son installation sur le territoire (témoignages de citoyens exposés aux moustiques tigres). Ces actions devront absolument être répétées chaque année.  Pour aider les collectivités à organiser la lutte contre le moustique tigre, ce guide liste les différentes actions à appliquer selon le public et la période de l’année.